Chaque année, 100 milliards de vêtements sont vendus dans le monde. Avec un renouvellement de collections incessant, on achète 60% de plus de vêtements qu’il y a 15 ans, mais on les porte deux fois moins longtemps. Il y a urgence à agir pour réduire le gaspillage textile. La bonne nouvelle, c’est qu’on peut tous lutter contre les déchets vestimentaires.

L’influence de la publicité…

Avez-vous déjà ressenti une envie de renouveau devant votre dressing ? D’où vient-elle selon vous ? Je vous le donne en mille : le marketing ! C’est le rôle de la publicité de nous inciter à consommer plus, à renouveler notre garde-robe, à nous faire croire que ce que nous possédons déjà ne vaut plus la peine d’être porté. On dit que la mode est un éternel recommencement, mais les diktats de cette même mode tentent de nous faire croire que le bonheur c’est d’avoir toujours de nouveaux vêtements, et que ce qu’on a déjà est démodé et n’est plus digne d’être porté. Alors on se débarrasse de vêtements qui pourraient encore être utilisés, et on les remplace par d’autres qui connaîtront le même sort par la suite. Facile avec 52 collections par an.

L’impact du marketing a été exacerbé avec les réseaux sociaux et ses influenceurs. D’ailleurs on parle aujourd’hui de marketing d’influence. Bien qu’on soit chacun plus ou moins sensible à ces sirènes, selon notre âge, notre personnalité, on ne peut pas nier son rôle dans le gaspillage vestimentaire qu’on observe aujourd’hui, surtout auprès de jeunes publics.

… Mène à la surconsommation.

Devant des piles de vêtements à faible coût, il est naturel de céder au coup de coeur, l’acte d’achat est facilité. Résultat : aujourd’hui on achète 60% de plus de vêtements qu’il y a quinze ans, mais on les porte deux fois moins longtemps. Et d’ailleurs, on ne porte que 30% des vêtements que l’on possède. Oui, cela signifie bien que 70% de nos affaires dorment dans nos placards ! C’est pourquoi plus de la moitié des habits de la fast fashion a une durée d’utilisation inférieure à un an. A l’échelle d’une vie, c’est très peu !

Mais bon, de toute façon, au vu de la piètre qualité des pièces issues de la fast fashion, la plupart ne passeront même pas l’hiver, essorées par quelques lavages en machine et frottements avec la vie quotidienne. Heureusement, ce T-shirt n’était pas cher, autant le remplacer par un neuf plutôt que de le réparer. Et puis je l’avais acheté sur un coup de tête, je ne me rappelle même pas où. J’aurais vite oublié que je l’avais. Voilà le type de raisonnement que l’on peut légitimement avoir face à des vêtements de la fast fashion. Multiplions maintenant cela par le nombre de vêtements que nous achetons chaque année, et par le nombre de consommateurs que nous sommes. Et nous voilà devant une décharge à ciel ouvert de vêtements.

Une quantité de déchets complexe à traiter

En Europe, on jette chaque année 4 millions de tonnes de textile. 80% de cette quantité n’est jamais revalorisée parce que jetée aux ordures ménagères. Pour les 20% restants, l’ensemble ne peut pas être recyclé ou revendu, de par la trop mauvaise qualité des vêtements. En France, ce sont 210 000 tonnes de textiles et chaussures qui sont collectées via les conteneurs et autres points d’apport volontaires (ce chiffre date de 2016 et est en constante progression). 60% pourra être réutilisé, et le reste recyclé.

Plus on a de vêtements en circulation, plus on génère de déchets. Mais les acteurs du recyclage sont dans l’incapacité d’absorber cette quantité de déchets à traiter. Et c’est comme cela que nos vêtements en mauvais état se retrouvent échoués sur les plages du Ghana. Personne ne veut cela, mais c’est la triste réalité. La bonne nouvelle c’est que chacun peut agir pour lutter contre le gaspillage textile.

Quelles actions pour limiter le gaspillage textile ?

La mode doit passer à la slow fashion

En premier lieu, je pense qu’il est de la responsabilité des marques de lutter contre la fast fashion en proposant des alternatives plus responsables : valoriser la matière existante, créer en petites séries pour maîtriser sa production et accompagner sa communauté dans une démarche d’achat plus réfléchie.

Le réemploi de tissus

Utiliser de la matière existante au lieu de produire de la matière neuve. Une énorme quantité de matière est déjà disponible dans les entrepôts des fabricants, leur donner la vie qu’elle mérite participe à la réduction du gaspillage textile. En revalorisant des tissus de stock dormant, on évite la consommation d’eau, d’énergie, de produits de teinture nécessaires à la fabrication d’un tissu. Des marques comme La 8ème Fois créent des collections uniquement à partir de stock dormant de tissus.

L’upcycling

Comme pour le réemploi, l’idée est de produire de nouveaux vêtements à partir de matière existante. Ici, la matière première ce sont des vêtements déjà confectionnés, invendus ou remis dans le circuit de seconde main. Ne reste qu’à laisser s’exprimer sa créativité pour recouper, mélanger les matières et proposer une pièce unique qui a une histoire, et dont on ne se lassera pas de sitôt !

Nos actions individuelles pour lutter contre le gaspillage vestimentaire

On ne va pas arrêter de s’habiller, non ! Mais s’habiller en ayant conscience de notre style, sans suivre une prétendue tendance par définition éphémère, et de manière responsable, oui ! Et ça ne coûte pas forcément plus cher.

La première chose à faire : bien entretenir ses vêtements

Prendre soin de ce qu’on a déjà dans nos placards, c’est la première chose à faire, celle qui aura le plus d’impact et qui ne vous coûtera pas un centime ! Lisez toujours bien l’étiquette d’entretien de votre vêtement, c’est votre meilleur allié pour en prendre soin ! Généralement, un lavage en machine à 30°C suffit pour du linge moyennement sale. Mon conseil quelque soit le type de vêtement : jamais de sèche-linge ! Cela abîme trop les vêtements et consomme de l’énergie inutilement.

Malgré le soin qu’on apporte à nos vêtements, il peut y avoir un accroc, une tâche impossible à faire partir. Dans ce cas, pensez à la réparation ! Vous pouvez le faire vous-même si vous vous sentez l’âme manuelle et créative, ou faire appel à des professionnels! En plus, aujourd’hui la tendance est à la réparation visible : au lieu de seulement repriser un trou, on va créer quelque chose d’esthétique, qui rendra à coup sûr votre vêtement unique. Je vous garantis que vous l’aimerez encore plus ! Et vous aurez l’impression d’avoir un nouveau vêtement sans dépenser beaucoup.

Et s’il n’y a plus rien à sauver : recyclez ! Ne jetez pas vos textiles à la poubelle. Pour les revaloriser utilisez les bornes du Relais, ou autres points d’apport volontaire (associations, boutiques, ressourceries…) Les pièces encore en bon état seront remises en vente dans les dépôts vente ou upcyclés, les autres seront transformées en isolant ou autre objet.

Louer ou se tourner vers la seconde main

OK, on ne peut pas toujours compter sur les vêtements qu’on a déjà. Pour consommer de manière responsable, on peut louer ses vêtements. Pour une cérémonie par exemple, la location peut être un moyen de porter une belle robe de créateur sans y mettre un budget conséquent !

Autre solution : pensez à la seconde main ! Là aussi des pièces uniques vintage, parfois de créateur, vous attendent à des prix défiant toute concurrence ! Une belle manière d’affirmer son style, de revaloriser de belles pièces oubliées, et d’être unique ! Vous ne savez pas par où commencer ? Allez fureter dans le dressing de vos grands-parents, je suis sûre que des pépites vous tendent les bras !

Acheter responsable et de manière raisonnée

Acheter moins mais mieux : c’est avoir le même budget habillement sur l’année mais avec moins de pièces. Et retrouver le plaisir de posséder de beaux vêtements qui vont durer longtemps et que tout le monde n’aura pas. Cela signifie donc qu’il faut bien réfléchir avant d’acheter. Pour cela, je vous conseille la méthode BISOU, pour vous poser les bonnes questions avant de faire un achat raisonné.

Et vous, quelle action allez-vous mettre en place en premier pour limiter le gaspillage textile ?